Mona Magick

octobre 2008 v10
Français Espagnol Allemand

Principes théoriques de l’action magique

LePersonne, vraiment, ne sait expliquer la magie, ni même si elle est véritablement efficace. Mais des théories existent.

La magie orientale - mésopotamienne, égyptienne, iranienne - explique ses exploits par l'archétype, le modèle divin ou cosmogonique. À ses yeux, pour agir magiquement il faut faire comme font les dieux ou faire comme ce fut à l'origine. Les dieux sont des exemples, des créateurs, des tout-puissants, les origines sont des moments forts, ils concentrent des puissances idéales, des possibilités. C'est donc magique, par identification, analogie. On lit souvent sur les papyrus égyptiens ou gréco-égyptiens : "Je suis Isis", "Je suis Osiris".

Bôlos de Mendès, le premier des occultistes, explique la magie par les "sympathies et antipathies" et par les "vertus occultes". D'après lui, la salamandre et le feu sont en sympathie, le coq et le lion en antipathie, en inimitié ; la dépouille d'un serpent a la propriété merveilleuse de favoriser les menstrues.

Pic de la Mirandole, en néoplatonicien, explique la magie par l'amour. "Les merveilles de l'art magique ne s'accomplissent que par l'union et l'actualisation des choses qui sont latentes ou séparées dans la nature. (...) Faire de la magie n'est pas autre chose que marier le monde (Magicam operari non est aliud quam maritare mundum)." Tout comme le vigneron fait une greffe de la vigne sur un ormeau, le magicien lie l'inférieur au supérieur, le matériel au divin, sur le plan du caché, du latent, du séminal. Pour faire un talisman il faut lier le signe gravé ou inscrit à un esprit planétaire, à un des sefirot de l'arbre des kabbalistes.

Paracelse explique la magie par l'astral, aussi bien l'Esprit sidéral que le corps astral (corpus siderem), d'autre part il explique par la volonté et l'imagination du mage. "L'Esprit sidéral" est la lumière répandue dans notre esprit autant que la Raison universelle. "Même les choses insensibles, les plantes, les graines, les fruits, les pierres, etc., tout a un corps astral", celui-ci est un "aimant" qui attire "les influx sidéraux", un "moteur" qui donne vie et esprit au corps élémentaire. Le mage sait capter et diriger "les forces célestes", "les puissances astrales" dans les objets terrestres, mais aussi utiliser les images, les lettres, les mots. Hélas, la pensée de Paracelse reste difficile à comprendre.

Agrippa de Nettesheim, Giambattista Della Porta, Swedenborg, la majorité des auteurs expliquent la magie par les analogies et correspondances pour le côté abstrait, par les liens ou les déliements pour le côté concret. C'est la fameuse notion de "ligature" (serrer un lien, faire un noeud). On a là une idée magique de tous temps et pour tous lieux. Exemple : il y a, selon le magicien, analogie, ressemblance, métaphore, apparentement entre l'amour et un lien, un noeud, un enchaînement, donc, pour créer un amour de façon magique, le magicien fera un noeud. L'analogie créera le lien. Recette du IVe siècle : "Charme étonnant pour lier une femme aimée. Fais 365 noeuds." Recette de 1997 : "Pour attirer l'amour. Dans un ruban rouge vous aurez écrit vos deux noms avec le sang de l'un des deux. Liez le ruban de manière à faire joindre les noms."20 L'action magique transfère à deux personnes le pouvoir qu'a le noeud sur deux cordes, celui d'unir, de rapprocher. Un mage d'une part scrute, connaît, d'autre part manipule, transfère les équivalences symboliques.

Franz Anton Mesmer (1766) et tout le mouvement du magnétisme animal expliquent par un "fluide magnétique universel", ou plus prosaïquement par l'électromagnétisme.

Éliphas Lévi explique par la volonté. "Savoir, oser, vouloir, se taire, voilà les quatre verbes du mage. Vouloir, vouloir longtemps, vouloir toujours, mais ne jamais rien convoiter, tel est le secret de la force ; et c'est cet arcane magique que le Tasse met en action dans la personne des deux chevaliers qui viennent délivrer Renaud et détruire les enchantements d'Armide. Ce qui rendait Jeanne d'Arc toujours victorieuse, c'était le prestige de sa foi."

Frazer, ethnologue anglais, explique par les associations d'idées. "Les hommes confondent l'ordre de leurs idées avec l'ordre de la nature, et, dès lors, imaginent que le contrôle qu'ils exercent ou semblent exercer sur leurs pensées les autorise à pratiquer un contrôle correspondant sur les choses." Frazer distingue, dans son analyse de la magie, trois lois, qui marchent par associations (similitude, contiguïté, contrariété). Première loi, la similitude, la sympathie par imitation : "Tout semblable appelle le semblable, ou un effet est similaire à sa cause" ; par exemple, la technique d'envoûtement consiste à percer d'une aiguille une poupée imitant la personne que l'on veut blesser. Deuxième loi, la contiguïté, la sympathie par contact, la contagion : "Les choses qui ont été une fois en contact continuent d'agir l'une sur l'autre, alors même que ce contact a cessé" ; par exemple, un magicien peut blesser une personne en piquant les empreintes de pas laissées par cette personne. Troisième loi : "le contraire agit sur le contraire" ; par exemple, pour contrecarrer une blessure on peut susciter son contraire sous forme d'une image de cicatrisation.

Mikhaël Aïvanhov, un maître spirituel bulgare, explique par l'aura. "Être un mage, c'est créér. Le mage véritable est entouré d'un cercle de lumière, son aura, ce halo de lumière invisible qui émane de lui et qu'il a formé grâce à son travail spirituel et à la pratique des vertus. Pour créer, le mage utilise les mêmes moyens que Dieu Lui-même : il projette une image ou prononce un mot qui traverse son aura, et c'est l'aura qui fournit la matière pour la manifestation." Il existe "trois grandes lois magiques : 1) la loi d'enregistrement, 2) la loi d'affinité, 3) la loi du choc en retour."

Une théorie bien plus moderne passe par la notion de "champ morphique". Rupert Sheldrake, biologiste et parapsychologue anglais, développe "l'idée que les formes et comportements caractéristiques des systèmes physiques, chimiques et biologiques sont déterminés par des champs organisateurs invisibles qu’ils appellent les 'champs morphogénétiques', apparemment capables de transcender à la fois le temps et l’espace sans avoir ni masse ni énergie propre."